Et si ce n’était pas du racisme, mais une question de caste ? Une réflexion à partir du film "Origin" de Ava Duvernay
C’est en faisant des recherches pour comprendre pourquoi le théâtre hexagonal est si peu excited à diffuser des pièces de l’outre-mer, notamment les théâtres privés, que je suis tombée sur le film « Origin » réalisé par Ava DuVernay. Oui, ce silence, ces noms réponses, ce mépris en fait, des scènes théâtrales privées aux visages pâles pour la majorité, m’a poussée à chercher des réponses. Était-ce une simple question de racisme, ou bien une problématique plus complexe, enracinée dans des mécanismes sociaux plus profonds ? Telle était ma question.
Au fil de mes réflexions et de mes lectures, ma quête m’a menée à ce film bouleversant, inspiré du livre « Caste: The Origins of Our Discontents » (Caste : Les origines de nos mécontentements) d’Isabel Wilkerson. Le film Origin explore l’idée que ce que l’on appelle racisme envers les Noirs, les Dalits en Inde ou les Juifs peut être compris sous l’angle du système de castes.
Isabel Wilkerson établit puissants parallèles entre le système de castes indien, la hiérarchie raciale aux États-Unis et la persécution des Juifs sous le régime nazi. Elle met en lumière des structures sociales rigides basées sur des notions de pureté et d’impureté, de domination et de subordination, qui dépassent les frontières géographiques et culturelles.
Et cette analyse prend vie de manière magistrale grâce à Aunjanue Ellis-Taylor, qui incarne avec une intensité rare le poids de ces hiérarchies invisibles. Le film ne se contente pas de dénoncer, il propose vraiment, une vision universelle qui relie des expériences d’oppression apparemment distinctes, tout en interrogeant les systèmes de pouvoir et de contrôle profondément ancrés dans nos sociétés.
Oh ce film m’a profondément bouleversée et a résonné en moi avec une intensité vraiment … intense.
Alors, ai-je trouvé une réponse définitive à mes interrogations sur le théâtre et l’intérêt pour les pièce des régions de l’outre-mer ?
Peut-être pas. Mais « Origin » m’a offert une autre perspective de réflexions. En allant au delà de la simple idée du racisme, pour explorer une dynamique plus large et plus ancienne, il m’a permis de comprendre que ces discriminations systémiques sont des constructions sociales universelles, souvent insidieuses et tellement d’actualité.
« Origin » n’est pas seulement un film ; c’est une œuvre incontournable qui invite à réfléchir, à revisiter l’histoire et à questionner les bases mêmes de nos sociétés. Voilà, c’est une expérience humaine et intellectuelle qui marque profondément, une véritable découverte. En guise de réponse, j’ai rencontré un grand film.
* Pour la petite histoire, Le livre Caste: The Origins of Our Discontents d'Isabel Wilkerson a été publié le 4 août 2020, quelques mois après le meurtre de George Floyd le 25 mai 2020. Il avait été écrit avant cet horrible tragique événement , et sa publication a coïncidé pile-poils avec une période de réflexion intense sur les questions de racisme et d'injustice sociale aux États-Unis.
