Un jour, il y a de cela plusieurs années, probablement 10 maintenant, j’avais eu l’honneur de rencontrer Maryse Condé, chez elle à la Guadeloupe. Dans sa maison en bois entourée de végétations belles et sauvages.
Je ne sais où j’avais pris le courage et le toupet, de lui dire que j’adorerais qu’elle m’écrive un spectacle et le temps a passé, peut-être 2 ans.
Lorsqu’elle a vu sur mon faire-part de mariage, que la cérémonie spirituelle devait se dérouler sur l’île de La Désirade, à la Guadeloupe, elle m’a appelé pour me dire qu’elle avait eu l’idée d’adapter son roman Désirada pour moi, en seule en scène, pour le théâtre. J’ai dit oui biensur. Sans l’avoir lu. Je le confesse. Ce que j’ai fait dans la minute qui a suivi notre conversation téléphonique, ainsi est née la pièce.
Mon projet de création a été chamboulé par plusieurs évènements tragiques, divorce, décès et autres péripéties qui font ce qu’on appelle une « série noire » en claire, la poisse qui a duré… duré… longtemps. Très longtemps.
A chaque fois, nous étions sur le point de faire vivre ce texte mais, manque de moyens, de soutiens, de force, désengagements… J’ai d’ailleurs dû gagner pas mal d'« ennemis », tous ceux avec qui j’avais essayé; ce temps passé, ces énergies partagées… Il fallait que je prenne mes responsabilités dans le fait de les décevoir.
Mais quand au fond de vous, vous n’avez plus de force, de courage, d’espoir, que pouvez vous faire ? Abandonnez pour un temps, mettre sur pause, c’est tout.
J’ai pris cet engagement avec Maryse qui commençait à ne plus y croire, elle aussi, je lui ai promis que cette pièce verrait le jour, un jour quoiqu’il arrive.
Que ce jour se révèlerait, que les évènements se dérouleraient comme du papier à musique. Facilement. Je lui ai demandé de me faire confiance. Même si certaines personnes lui disaient le contraire et enfonçaient encore plus le clou dans mon cœur.
Non rien n’est facile, sinon, ce n’est pas drôle. La vie n’a rien de facile pour nous petits humains persuadés qu’elle doit l’être. Et surement pas la création théâtrale.
Alors après toutes mes tentatives et une grande suspension dans le temps, comme attendant que l’univers me donne son accord, son feu vert, c’est un peu ce qui s’est passé, j’ai vu plus clair, rencontré les personnes qui me donnaient les moyens de le faire, et surtout, j’avais compris que l’on ne peut être sur tous les fronts. Je devais céder ma place de productrice à un tiers et rester à ma place d’interprète. Pas facile car nous parlions de mon « bébé » Désirada.
J’ai beaucoup médité. Beaucoup respiré. Fait beaucoup de Kundalini Yoga. Et en bonne âme et conscience, j’ai partagé mon « bébé » avec un comédien-metteur en scène qui avait interprété « L’homme qui m’a donné envie », (quelle drôle d’ironie) une pièce de Stéphane Clerget mise en scène par Gilles Valet. Je jouais Rose, la maman de Mike Fédée.
Et voilà, nous y sommes.
Pour moi, la 1ère leçon à tirer de cette histoire qui me fait penser à ma rencontre avec Pascal Légitimus pour mon spectacle « Nathaly Coualy » J’ai demandé ce que je voulais. Par exemple, je voulais que Pascal vienne voir mon spectacle, je l’ai invité, j’ai insisté, il est venu et m’a proposé de travailler avec moi. Je ne le regrette tellement pas. Quelle grande et belle expérience, rencontre et partage.
Avec Maryse Condé, j’ai osé lui demander de m’écrire un texte. Elle a dit « oui, pourquoi pas » et bien plus tard elle m’a proposé « Désirada » (Ah ben voilà, un point positif à ce faire-part au fait ;-)
Ce que je veux dire, c’est lorsque que vous souhaitez quelque chose très fort, osez le rêver encore plus, essayez par tous les moyens de trouver la force de demander. Mais si vous voyez que ça bloque, laissez poser. Laissez mijoter.
Attendez et ressentez à quel point vous y croyez. Le moment se révèlera, ne lâchez-pas vos rêves.
Peu importe ce que peuvent dire les gens, écoutez-vous, écoutez votre cœur.
Au fond de vous, vous savez si vous devez y croire ou pas, mais pour cela il faut apprendre à vous écouter et prendre le temps de le faire.
Lanmou toujou
Nathaly
PS : Je reviendrai régulièrement vous raconter les suites de la création de « Désirada » pièce de Maryse Condé mise en scène par Antoine Herbez, avec Nathaly Coualy et Igo Drané. Une co-production Compagnie Ah et L’Artchipel scène nationale de la Guadeloupe.
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