ROUKIATA OUEDRAOGO Je demande la route de et avec tous les mercredis jusqu’au 24 avril au Théâtre de l’oeuvre, Paris (9e) Mise en scène : Stéphane Eliard Collaboration artistique : Ali Bougheraba
Hier soir, je suis allée voir « Je demande la route » de et avec Roukiata Ouedraogo au Théâtre de l’œuvre. Mais avant, j’avais rendez-vous avec ma copine Sandrine Quétier (qui va bientôt interpréter le rôle de Eve dans la pièce La nouvelle Eve, que j’ai écrite à 4 mains avec ma « co auteur de la life », Marie Montuir qui d’ailleurs, nous a rejoint après son périple sur la ligne 13,(#pléonasme) juste à temps pour arriver à l’heure. La salle était donc déjà remplie, nous avons donc décidé de nous mettre au premier, plutôt qu'au dernier rang. « On va lui donner la force ! », je me suis dit.
La force ? Mais c’est elle qui nous la donnée !
Roukiata, je ne savais plus comment on se connaissait, ni si on s’était déjà rencontrées, et si j’avais vu ses spectacles. Il me semblait bien que oui. Pour celles et ceux qui me connaissent, vous savez très bien que je ne vais pas faire genre, et raconter que je me souviens de tout et de tout le monde. Non, non. Je ne savais plus. Et voilà, moi aussi ma mémoire... Mais je me souviens surtout, qu’à chaque fois que j’ai pris contact avec elle, Roukiata (pas ma mémoire, quoi que) a toujours trouvé le temps de me rappeler, de me répondre, toujours été d’une disponibilité incroyable, d’une grande générosité, et d’une magnifique gentillesse. Avec sa voix qui sourit. Et Dieu sait si elle, elle est débordée, entre spectacle à Paris, en Province, ses engagements, ses écrits, tournages (à suivre) et sa chronique sur France Inter dans l’émission PAR JUPITER ! avec Charline Vanhoenacker, Alex Vizorek
Bref, je parlais de force tout à l’heure mais j’avoue que le spectacle de Roukiata Ouedraogo, « Je demande la route » est un livre de poésie, magnifiquement bien conté. Non, ce n’est pas un conte, c’est de sa vie dont il s’agit.
De sa vie en Afrique, elle est burkinabée, (Afrique de l’Ouest, je précise au cas où ;-), de l’école africaine, sa famille, les traditions, son adolescence … jusqu’à son arrivée à Paris, son cheminement de migrante, sa survie dans la capitale, ses boulots, (oh le salon de coiffure à Chateau Rouge, hilarant), ses chances, ses choix, son parcours de femme noire quoi, avec un accent à « couper au coupe-coupe » comme elle dit.
Il faut l’entendre conter à sa manière, Le corbeau et le renard de Jean de La fontaine !
Elle nous instruit Roukiata Ouedraogo, avec élégance, avec intelligence, c’est une clownesse !
J’ai adoré son interprétation, ses postures, ses mouvements, son élégance dans ce corps qui ne cesse surement de se reconstruire. Ben oui, on le comprend quand son clitoris l’interpelle en lui disant qu’il a besoin d’elle car « qu’est ce qu’un clitoris sans femme, et une femme sans clitoris ? » Et là, le sujet de l’excision dont elle a été victime est amené avec un humour d’une telle délicatesse élégante, brillante !
Je crois que je suis restée bouche bée un bon moment.
Alors voilà, Sandrine, Marie, les autres spectateurs (je dois bien le dire, qui étaient plutôt blancs d'ailleurs) et moi, avions tout le spectacle, les yeux écarquillés et la bouche grande ouverte, d’où ils en sortaient des rires, des sourires, des allers-retours de regards entre nous, bluffés, attendris, conquis.
Cette fille a une sacrée plume, un humour sain, elle est singulière et pour moi, elle est au service de la Grande Vie, et des femmes comme Roukiata Ouedraogo, sont incontournables.
Un spectacle à voir mesdames, messieurs, peu importe votre origine, elle parle et donne au-delà de tout cela.
A l’heure ou j’écris ces lignes il reste 3 représentations à Paris 9 au Théâtre de l’œuvre, après elle part en tournée dans toute la France (une centaine de date, « et ouais ! » (gimmick Roukiata), cliquez ici pour accéder à l’agenda, puis en Décembre elle sera à l’Européen à Paris.
Nathaly Coualy